ACTE 1 et 2 : HAMLET MACHINE suivi d'AVIS DE DÉCÈS

 

de Heiner MÜLLER 

durée 55 minutes

Philippe DUCOU : conception et sur scène

 et les compagnons de route

Paola PICCOLO : regard extérieur

Jean Michel BAUER : lumières et scène

Angela MAGNANI : costumes, objets

 

 

QUELQUES NOTES :

 

"...Que peut une rime contre les imbéciles

Demandes-tu. Rien, disent les uns, d'autres : peu.

Shakespeare a écrit Hamlet, une tragédie

L'histoire d'un homme qui jeta son savoir

Se courbant sous une coutume stupide.

Il n'a pas exterminé la stupidité.

Ne voulait-il écrire rien de plus qu'un avis de recherche?"

 

"Hamlet le Danois prince et pâture des vers trébuchant

De trou en trou vers l'ultime trou sans plaisir

Dans le dos le fantôme qui l'a fait

Vert comme la chair d'Ophélie en couches

L'horizon l'armure dure plus longtemps

Et juste avant le troisième cri du coq un fou

Déchire l'habit à grelots du philosophe

Un bouledogue replet se glisse dans la cuirasse..."

HEINER MÜLLER  (extraits).

 


 

 

INTENTION :

 

Danseur, j'ai toujours été jaloux des comédiens qui peuvent se confronter à des caractères que chacun porte en soi dans son imaginaire : des ombres qui ont que le désir de vivre à travers les entreprises humaines, des figures existantes au delà de nous-mêmes. Et puis, un fort désir de porter des mots comme des gestes.

Danse du corps

Danse des mots

Danse de l'humain

Le texte d'Heiner Müller se prête à une telle aventure, matière dense, il invite le corps à partager sa destinée avec les mots. Alors, j'ai voulu le prendre avec enthousiasme et légèreté, il se suffit à lui-même et œuvrer "comme un danseur" avec ses techniques objectives, cherchant le texte dans l'espace, le rythme, les regards et la construction des actes parlés, en mouvement, les deux. Que ce ne soit pas l'émotion qui me guiderait mais la matière. Advienne que pourra ! 

 

 

POSTULAT de DÉPART :         

 

 

Hamlet est "le fils de". Sa naissance lui donne sa destinée, il lui suffit de la suivre à l'image des héritiers de sang royal qui perpétuent la lignée : aisance, insouciance, richesses, puis responsabilités, commémorations, mariage, héritiers, etc... Vlan, tout se bouscule et la tragédie s'installe par l'acte de son oncle avec la complicité de sa mère. Pire qu'un coup d'état, le renversement de son existence, mieux aurait valu une bonne révolution plutôt que cette proximité avec les auteurs de l'acte. Hamlet, le doute? la difficile décision de vengeance? Non. Qui, à sa place, ne serait pas marqué par l'impuissance : quelque soit la décision à prendre, c'est déjà fini? Le destin est déjà inscrit. Je veux partir d'un Hamlet "fils de", me laisser porter et constater  dans quel état je peux être à la fin de ce voyage. Que la traversée me transforme, que je sois ballotté, secoué, déstructuré et cela malgré moi. Hamlet est une conséquence.

 

DÉSIR :       

 

Tant de propos sur le théâtre, tous persuasifs.

- Comment trouver sa modestie?

- j’œuvre dans la matière, bon ouvrier de mon corps

- je ne porte pas d'histoire, je suis un élément.

- je commets des actes, le mieux possible, je suis un média.

- je ne suis pas Hamlet, j'essaie de m'approcher de certaines frontières, l'autre côté du miroir, afin de mettre en jeu mon travail, peut être le spectateur aura-t-il la possibilité de saisir des fragments de son Hamlet. Je suis un indicateur.

- Un moment de partage au delà des gestes et des mots. Un pari.

Pour cela présenter la pièce dans des endroits peu disponibles, peu agencés, peu spécialisés. Nul besoin d'un parquet de danse, d'une infrastructure de lumière, plutôt un trou qu'un joyau. Ainsi il y aura de la lutte pour s'y représenter, une résonance à celle que transmet le texte d'Heiner Müller. AILLEURS, voilà la finalité de cette proposition. Que le lieu porte aussi l'état avec lequel Hamlet reçoit son destin,celui avec lequel j'ai abordé ce projet, celui avec lequel mes compagnons de route interviennent, celui avec lequel j'aimerai que les spectateurs soient.